Si Ubiwizz est aujourd’hui un acteur incontournable de l’habitat connecté, c’est que Philippe Bonduelle, le patron de Decelect, a su anticiper les tendances et construire un écosystème qui fait référence, en France comme à l’étranger. Il nous livre ici son analyse et sa vision du marché.
En mars dernier, vous étiez présent sur le salon Light + Building de Francfort, le rendez-vous mondial des acteurs de l’habitat connecté. Quelle tendance vous a le plus marqué ?
Comparé à il y a deux ans, puisque nous étions également présents à l’époque sur le salon, aujourd’hui, je peux dire que le marché est mûr. Les visiteurs du monde entier ne viennent plus pour découvrir les technologies, ils viennent avec des projets, voir les produits sur tel ou tel type de marché. Parmi les visiteurs allemands, par exemple, il y a beaucoup de bailleurs sociaux qui viennent voir les solutions pour gérer leurs logements, pour réaliser des économies d’énergie, pour maîtriser les avantages de l’écosystème Ubiwizz que nous présentions sur le salon. Et en particulier de notre nouvelle vanne thermostatique EnOcean, très appréciée, et dont nous nous réservons l’exclusivité de fabrication au niveau mondial, et de la distribution au niveau français.
Sur le salon, vous souhaitiez être présent sur l’espace EnOcean, la technologie domotique « sans fil ni pile ». Comment votre marque et les produits Ubiwizz sont-ils perçus, selon vous ?
Par rapport à d’autres salons, notamment français, je constate que la technologie EnOcean est beaucoup plus répandue en Allemagne, et même très bien implantée. Sur le marché français, je pense que nous avons au moins deux ans d’avance sur nos concurrents, nous maîtrisons les technologies et nous avons la légitimité. Sur tous les stands, on retrouvait par exemple notre vanne thermostatique, mais aussi notre box multiprotocole, celle que nous fabriquons pour Overkiz et que l’on retrouve aujourd’hui chez les grands noms (Rexel, Somfy, Schneider…). Cette box commence à devenir un standard, elle suscite de l’intérêt et nous crée beaucoup d’opportunités de business, notamment avec ceux qui ne travaillent pas avec les « grands » et vont venir nous voir pour avoir un prix, un service. De plus, notre solution est complètement ouverte, ce qui n’est pas le cas des autres.
En quoi votre solution est-elle ouverte par rapport à ses concurrentes ?
La passerelle Ubiwizz permet d’intégrer des matériels basés sur différents protocoles de communication. Aujourd’hui, nous proposons Z-Wave, EnOcean, Wi-Fi, RTS et io. Le ZigBee arrive et, d’ici la fin du semestre, nous aurons tout : le module LoRa est en cours de développement et sortira en juin. Nous avons effectivement des demandes en LoRa, dès qu’il y a des bâtiments isolés et la nécessité de travailler sur de longues distances. Dans le domaine agricole, par exemple, nous rencontrons des agriculteurs qui veulent tester les solutions EnOcean dans les bâtiments, et relier les bâtiments au corps de ferme avec LoRa.
Quelles autres grandes tendances s’affirment ou se confirment, selon vous, pour l’habitat connecté ?
Le pilotage à la voix. Pour tout le monde, ça coule de source. Tout va devenir compatible et se piloter à la voix. On sent vraiment une maturité et une fiabilité. Nous-mêmes sommes déjà compatibles avec Android, et l’on a besoin de développer un petit module pour être compatible avec Google Home.
Autre tendance : l’éclairage connecté, notamment chez Philips Hue et Osram, me semble également très prometteur. Philips Hue « cartonne » déjà avec ses produits. Les fabricants se mettent aux ampoules connectées, en ZigBee, avec des solutions qui pourraient être intéressantes. Aujourd’hui, on rajoute des modules EnOcean, Z-Wave, etc., au niveau de l’éclairage pour qu’il soit connecté. Mais je pense que demain, ce sont les ampoules qui seront directement connectées. Parce que vu les prix, il est plus économique de connecter directement l’ampoule que de mettre un module. Nous travaillons avec Philips Hue sur le sujet… Pour moi, à l’avenir, l’éclairage sera de plus en plus connecté, il ne nécessitera pas forcément de passerelle ou de pont, et sera pilotable par la voix.
Et l’intelligence artificielle ?
C’est très bien… mais ce que veut le marché, ce sont des choses simples. Les gens ne veulent pas savoir comment ça marche, ils veulent que ça marche tout seul, que ce soit pratique et économique, et ils ont raison !